Pour comprendre la peinture de Vincent Avellanéda, il faut savoir que son espace est celui de la mer méditérranée, et celui de l'algérie ou il est né, il y a soixante ans. Pour lui, l'histoire aurait pu s'arrêter à Marseille, après la traversée. N'a-t-il pas tenté d'effacer son passé quand il écrit son premier livre "l'oiseau bleu meurt à mes pieds" ? Mais la peinture lui a donné le lien avec ce qui fut et qui reste son pays, et le ramène sans cesse à la nostalgie de ces origines.

De ses origines, il a gardé la chaleur, la spontanéité, l'enthousiasme, l'exubérance, la gaieté. Sa technique est à son image : celle d'un artiste libre, et qui sait s'affranchir des règles rigides qu'on lui a apprises aux beaux arts.


Peintre de la nuit et de l'imaginaire, il veille dans son atelier sur le sommeil des hommes. Peintre du silence, c'est à l'heure ou la nuit cache les couleurs et masque les bruits de la nature qu'il trouve l'inspiration. Il compose alors une symphonie dont lui seul a le secret. Une symphonie de couleurs et de silence, rythmée par les seuls bruits de son couteau sur la toile et sa respiration. Tout d'abord, il garnit sa palette des couleurs les plus vives : le bleude cobalt, le jaune citron, l'ocre jaune, le rouge de cadmium, l'orange, beaucoup de blanc, jamais de noir. Soudain il se saisit de sas couteaux, et se jette sur la toile blanche comme un fauve sur une proie. Il n'a pas besoin de la preparer par un croquis, l'image se dessin après chaque contact du couteau avec la toile.

Les critiques diront qu'il est expressionniste. Il préfère se définir comme gestuel : de grands à plats, des mouvements rapides qui se succèdent à un rythme effréné, et semblent ne jamais s'achever. En quelques minutes, la matière est déposée sur la toile. Et à la fin, il ne reste plus qu'à prendre du recul et à contempler le résultat : quelle harmonie de formes, de mouvements, et de couleurs.


Vincent peint volontiers des marines, avec des plages de sable brun ou déambulent des figurines aux formes imprécises devant une mer couverte de bateaux aux voiles blanches. Mais après la dominante bleue, c'est la dominante verte qu'il préfère. Il dessine alors sur sa toile des paysages imaginaires de la campagne du nord de Montpellier ou il réside. Parfois ce sont des bouquets de fleurs aux teintes vives portées par des vases aux formes modernes et audacieuses.


Au premier coup d'oeil, on aurait tendance à se laisser bercer par la beauté des paysages et la richesse des couleurs. Mais attention, sa peinture cache un secret que seul lui-même, et ceux qui le connaissent intimement peuvent comprendre. Et le calme de la mer peut parfois précéder la tempête.
Entrer dans sa peinture, c'est découvrir la nature profonde de peintre, et comprendre le message qu'il veut nous laisser. Ouvrez bien vos yeux, et vous verrez...
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Le 28 Août 1999
Alain UZIEL